Altitude 35 revendique
L’expérimentation
comme méthode de projet
La triple transition écologique, climatique et énergétique implique de redéfinir de manière symétrique la commande et les modalités d’intervention du paysagiste. Pour répondre à ces impératifs, la réflexion doit tendre vers plus de transversalité avec des objectifs de résultat à court, moyen et long terme. Ainsi, l’agriculture, le tissu industriel, le système des mobilités et la ville, auparavant considérés comme des disciplines autonomes, sont appréhendées par le métabolisme territorial comme un tout. A Moulins et à Rochefort, l’agence développe un protocole de projet instruit par les récentes avancées en matière de compréhension des écosystèmes (P. Duvigneaud) et d’écologie territoriale.
Le projet comme réconciliation
entre géographie physique
et géographie humaine
La géographie comme discipline irrigue le travail de l’agence. D’un point de vue conceptuel, le terme géonomie forgé en 1909 par Grigore Antipa traduit les interrelations entre sociétés humaines et environnement naturel. Cette tension entre les aspirations d’un programme et le déterminisme du socle géographique se retrouve dans le projet d’un jardin, d’une place, d’un maillage viaire. Sur un plan méthodologique, notre démarche s’apparente à la « géographie de plein vent » convoquée par Eric Dardel pour décrire l’approche sensible ; par le terrain et l’observation directe d’un géographe comme Elisée Reclus. Ce recours à la géographie s’incarne enfin par l’utilisation de l’outil cartographique comme propos à la fois analytique, prospectif et synthétique. Le cadrage, la légende et la nomenclature engagent le projet.
Un rôle de mandataire dans les projets territoriaux et urbains
Le paysage — transversal par essence — ne doit plus être considéré comme un simple ornement introduit en bout de chaîne dans la construction des territoires, un faire-valoir, ou pire un argument de communication. Nous envisageons le paysage avant tout dans sa dimension structurante et systémique. Le défi que représente la transition écologique et énergétique implique de réviser la place qu’occupent les paysagistes au sein des groupements. Dans ce contexte, la spécificité de la démarche du paysagiste tient aussi bien à sa capacité à synthétiser différentes approches disciplinaires qu’à combiner les échelles de projet.
Le dessin, les tracés et la composition
de l’espace comme pratique fondatrice
Tout projet implique une modification subjective de la forme d’un espace et le recours à l’artifice. Aussi, la mise en opposition récurrente entre les projets dessinés dits « plan masse » et les projets « processus »nous semble stérile. Loin de faire du concepteur un démiurge, le projet dessiné enjoint à adopter une posture d’intermédiaire entre un site et de nouvelles aspirations sociales, écologiques ou techniques. Les solutions formelles s’élaborent de proche en proche dans une redéfinition constante du projet. La dimension écologique s’incarne dans le dessin de l’eau, du nivellement, de la trame végétale. Sans remonter à Le Nôtre ou à Olmsted, la persistance des tracés et des compositions urbaines de J.C.N. Forestier atteste de la capacité du dessin à fixer des limites, à ordonnancer un espace et à matérialiser une ambition paysagère qui perdure encore aujourd’hui.
Le projet comme trait d’union
entre la recherche et l’action
Depuis que nous exerçons, nous faisons le constat du manque d’échanges entre le do- maine de la recherche (celui des Depuis que nous exerçons, nous faisons le constat du manque d’échanges entre le domaine de la recherche (celui des universitaires) et le domaine de l’action (celui des concepteur·rices). L’évolution rapide des connaissances et des outils scientifiques dans le champ de l’écologie, de la pédologie, ou de la climatologie nous enjoint pourtant à intégrer, autant que faire se peut, ces expert·e·s dans la définition des projets urbains et territoriaux.